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Les ruptures musicales de PJ Harvey

Trente ans après ses débuts, PJ Harvey continue de remonter le fil du temps avec la sortie des maquettes du surprenant White Chalk, paru en 2007. L’occasion de revisiter la fascinante discographie de la ténébreuse prêtresse alternative.

Quand PJ Harvey publie White Chalk en septembre 2007, nombreux sont les fans de la première heure désarçonnés par la nouvelle direction musicale de l’auteure, instrumentiste et productrice anglaise : pour la première fois, les guitares électriques sont en berne, remplacées par des pianos réverbérés et des clavecins dans une sombre ambiance gothique victorienne. La sortie des White Chalk - Demos, le nouveau volume d’une série de rééditions dédiées aux maquettes de PJ Harvey, vient s’ajouter à une foisonnante discographie entamée il y a tout juste 30 ans.

En 1991, Polly Jean Harvey forme le trio PJ Harvey en compagnie du bassiste Steve Vaughan et du batteur John Parish, qui deviendra son collaborateur le plus proche au cours des prochaines décennies. Dry, le premier album du trio, paraît l’année suivante et détonne dans une scène alternative en pleine explosion grunge. Alliés à un canevas sonore abrasif, les textes sans compromis de la guitariste-saxophoniste révèlent une songwriter au lyrisme écorché. Rid of Me, son successeur paru en 1993, prolonge cette même veine abrupte, encouragée par la production rêche et ultra-minimaliste de Steve Albini, en même temps qu’il marque la fin du trio.

Désormais artiste solo, PJ Harvey accède à la reconnaissance internationale en 1995 avec To Bring You My Love. Composés en autarcie dans la quiétude de sa maison de campagne située dans le Somerset, ces nouveaux titres signalent l’enrichissement de la palette musicale de PJ Harvey, avec l’ajout de cordes et de percussions, tout en préservant le ton blues-punk, sensuel et confessionnel de ses prédécesseurs. La musique électronique s’invite ensuite dans Is This Desire ? (1998), qui annonce une nouvelle rupture sonore sous l’impulsion du producteur Flood (U2, New Order). Nouveau siècle et nouveau cap : inspiré par New York — mais une nouvelle fois composé et enregistré entre Londres et son domicile du Dorset — l’exceptionnel Stories from The City, Stories from The Sea convoque en 2000 une nouvelle approche plus mélodique, et la présence de Thom Yorke, le leader de Radiohead, lors du tourmenté “This Mess We’re In“.

Pour PJ Harvey, l’entrée dans le nouveau millénaire coïncide avec une série de recherches conceptuelles : l’apaisement relatif d’Uh Huh Her (2004) laisse place aux préoccupations socio-politiques de Let England Shake (2011) et The Hope Six Demolition Project en 2016. Ce dernier, dont une partie de l’enregistrement a eu lieu dans un “studio-vitrine“ installé à la Somerset House de Londres, une paroi de verre séparant les musiciens du public, reste le dernier album en date de PJ Harvey. Hormis quelques apparitions éparses et une participation à la bande-son de la mini-série de Shane Meadows The Virtues en 2019, sa discographie demeure en points de suspension. Quelles surprises nous réservera bientôt l’indomptable prêtresse alternative ?

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