Marlena Shaw, femme du ghetto
En 1969, la chanteuse jazz Marlena Shaw délivre un vibrant message dans “Woman of the Ghetto“. Focus sur un hymne féministe et militant à l’occasion de la Journée des droits des femmes.
Née le 22 septembre 1942 à Nouvelle-Rochelle (dans l’état de New York), Marlena Shaw a débuté sa carrière dans l’univers du jazz au début des années 1960. Après avoir écumé les clubs new-yorkais, elle signe son premier contrat d’enregistrement avec le prestigieux label Cadet Records. Son deuxième album The Spice of Life paraît en 1969. Titre-phare de son dernier LP pour Cadet, “Woman of the Ghetto“ synthétise le combat de l’artiste pour les droits civiques : en six minutes, la chanteuse et auteure des paroles adresse un message militant à l’Amérique noire, des quartiers pauvres de Watts (Los Angeles) à ceux de Fillmore, à San Francisco, en passant par les périphéries abandonnées de Detroit et Washington.
Sur des arrangements jazz-funk composés par le bassiste Richard Evans et produits par Bobby Miller, Marlena Shaw énumère les souffrances du ghetto, tout en interpellant le “législateur“, reclus dans “sa tour d’ivoire de 60 étages“. L’injustice, la misère, la prison, mais aussi la lutte quotidienne d’une femme contrainte d’éduquer ses enfants dans des conditions précaires. “How do you raise your kids in a ghetto ? Feed one child and starve another ?“ (“Comment élève-t-on un enfant dans le ghetto ? En en nourrissant un et en affamant un autre ?“).
Lors de sa sortie en novembre 1969, “Woman of the Ghetto“ devient rapidement un nouvel hymne de la contestation dans un pays où la ségrégation est plus que jamais d’actualité. À l’instar de Nina Simone, qui avait dépeint l’année précédente la condition des femmes afro-américaines dans le cinglant “Ain’t Got No, I Got Life“, Marlena Shaw incarne désormais le nouveau visage d’une Amérique noire, combative et fière.
Marlena Shaw ouvre la compilation "Soul District : Ladies First" disponible en vinyle ici.